[ Bilan 2017] YAKAKLIKÉ


Petite compilation de groupes et artistes musicaux 
présentés sur l'blog depuis Septembre (et qui disposent d'au moins un clip).
 Si vous souhaitez découvrir tout ça les mains libres,
voici une playlist Youtube à lancer en lecture automatique.

Bon y'a énormément de rock/metal, mais pas que !
 
Tous mes voeux pour 2018 !
Bisous.










[Underrated] Bangladeafy, un duo new-yorkais qui envoie !



Encore une belle petite découverte faite au hasard d'un clic. Bangladeafy est un duo new-yorkais de basse et batterie expérimental et très énergique. Ils disent jouer "les rythmes du monde avec une dynamique thrash/agressive". Une bonne petite fessée lorsque j'ai cliqué sur cette vidéo avec un deuxième effet kiss cool en découvrant la biographie particulière de Bangladeafy.




Et tout est dans le nom même de ce duo qui est lié aux deux musiciens qui rencontrent deux difficultés particulières. "Bangla" renvoie à Atif Haq le batteur originaire du Bangladesh qui déplore qu'en dépit de sa réputation d'ouverture le monde du rock ne soit pas bien à l'aise avec la question des origines et de la couleur de peau. Cela lui a déjà fermé des portes ou causé des soucis. "Deafy" renvoie à Jon Ehlers qui est le chanteur/bassiste/clavériste et qui est atteint de surdité à 80% depuis l'enfance ! Pour sa part il explique que dans le milieu musical le handicap est lui aussi un tabou, d'autant plus lorsque ce handicap touche à l'audition. Là aussi la communauté des musiciens serait parfois défaillante.

Jon : Il y a beaucoup d'incompréhension autour de mon handicap, la plupart des gens me croient totalement sourd jusqu'au moment où je mets mes appareils. Je vois les choses comme ça : si sur une échelle de 1 à 10, 0 représente la surdité totale, je suis à 2/10. Je ne peux pas entendre grand chose sans l'aide de mes appareils. Mais lorsqu'on joue de la musique "lourde" je peux l'entendre.

Afin de se synchroniser et jouer en rythme si la configuration des lieux n'est pas optimale pour lui permettre d'entendre, Jon apprend et observe les gestes de son batteur ce qui lui permet de se caler visuellement.


Un EP entier (15 minutes)


 Cette situation expliquerait le fait que leur musique soit si honteusement méconnue, Noisey/Vice en parle ici dans une interview passionnante et c'est donc de là que vient le nom même de leur duo. Et franchement, c'est incroyable que si peu de monde soit au courant de l'existence de leur projet. Sur la vidéo du clip un peu plus haut, 2200 vues en plus d'un an. Sur leur compte Twitter ouvert en 2013, 164 abonnés. Un peu plus de 3000 likes sur Facebook. Cet EP  "Narcopaloma" est sur Youtube depuis le mois de Mai, 294 écoutes. La chaîne Youtube de Jon Ehlers rassemble 84 abonnés... Ce groupe existe pourtant depuis 2009 !

Certaines vidéos de lives ont nettement plus de vues mais globalement le décalage entre la qualité de leur musique et leur renommée est assez impressionnant. Mince, le son est pourtant bien là. Carré, énergique et même exigeant. Les chroniqueurs/critiques les connaissent, Metalsucks, MetalInjection, MTV ou d'autres médias ont parlé de la musique de BanglaDeafy. Ils ont d'ailleurs un label, tout est opé. Et pourtant...ils ont étonnamment leur place sur "MesConnus"









[Black Metal] ASTRAL DIADEM - Winter's Betrothed


Deux musiciens normands déjà impliqués dans des projets tels que Nuisible, Stagnant Waters, Pilori, Smohalla (et bien d'autres encore) se sont associés afin de concocter un mini-album qui sortira en janvier. Il s'agit là du tout premier extrait de "ASTRAL DIADEM" et ça vient de sortir, petite exclu pour les oreilles metalleuses et toutes les autres ! 

Rendez-vous sur cette page Facebook pour en savoir plus. 







[DécouverteS] Le D.U Documentaire d'Amiens au 37è Festival International du Film (2/2)


SUITE DU RETOUR SUR LES FILMS DU D.U PRESENTÉS AU FIFAM.
LA PREMIERE PARTIE EN SUIVANT CE LIEN.



Visages retrouvés (25 min)
de Vanessa Chauvin-Degenne

[Pour l'instant pas de capture disponible]


Vanessa Chauvin-Degenne est elle aussi une étudiante du DU Documentaire ayant déjà une expérience certaine du milieu du cinéma et de la création artistique puisqu'elle elle diplômée en arts du spectacle, en lettres modernes mais aussi en gestion de structures socio-culturelles. Elle a également de l'expérience en tant que chargée de production ainsi qu'en gestion de contrats avec le Centre National de la Cinématographie et elle a déjà réalisé plusieurs films de courte durée. Un CV impressionnant pour une étudiante du DU ! Son film "Visages retrouvés" s'intéresse à un sujet sensible et complexe, peut-être trop complexe pour pouvoir trouver la forme la plus lisible pour en parler : il s'agit des "gueules cassées" et des mutilations du visage qui sont une mutilation ou une perturbation profonde de l'identité entière.


Si ce terme vous est inconnu sachez que les "gueules cassées" c'est ainsi qu'on appelait les victimes de guerres touchées par de graves et impressionnantes mutilations au visage. Avec le temps, on a aussi utilisé cette expression pour désigner à peu près n'importe qui ayant un visage jugé comme peu ou pas harmonieux. Pour le dire tel quel, on assimile les gueules cassées à des gens "moches" un  peu comme si c'était leur état de naissance ou bien comme s'ils l'avaient voulu et comme s'ils étaient des pestiférés. J'ai envie d'être honnête tout en restant objectif : nous ne sommes pas "habitués" à voir des corps ou des visages déformés, parfois très brutalement, et je serais un menteur si j'inventais que je ne ressens rien de particulier quand il m'arrive, extrêmement rarement, de croiser une personne victime d'une mutilation. Il y a déjà la rencontre avec une personne différente, nous qui sommes faits à l'idée d'un corps "complet" qui nous transporte au quotidien. Mais de plus nous sommes tous conditionnées par une culture commerciale de la beauté et des apparences, du maquillage et de la "swag" attitude et nous admirons des contrefaçons présentées comme un bien-être : les visages Maybeline et les peaux Nivea, les jambes bien épilées et les pectoraux moulés dans des tshirt trop courts. On s'attarde sur le Camel Toe, on invente les sourcils ondulés, on se met des bijoux sur les dents, en gros, on fait à peu près tout pour déguiser l'humain en quelque chose d'autre, en mannequin, nous admirons et apprécions cela. Par ricochet, nous nous éloignons de celles et ceux qui volontairement ou pas ne peuvent eux-mêmes adopterces nouveaux codes de l'esthétique du corps : les mutilés, les handicapés et tous ceux aussi qui militent pour un retour au naturel sans se plier aux diktats de ce domaine, pour qu'on puisse de nouveau se voir tels que nous sommes. C'est un véritable sujet de société qu'on questionne parfois dans les médias grand public généralistes mais qu'on ne traite donc pas avec un véritable sérieux et jamais en allant juqu'à parler des mutilations. On va donner des conseils pour masquer son acné ou se blanchir les dents et basta. En gros on évoque tout ce qu'on peut "changer".


Partir de la situation des "gueules cassées" est donc déjà un choc très violent qu'il faut parvenir à dépasser car dès le début du film, Vanessa nous donne à voir des photographies d'archives de victimes de la grande guerre et cela percute, c'est brut de décoffrage. D'un côté, réagir "mal" aux images de victimes, c'est bien naturel puisqu'un conditionnement nous pousse à aduler une perfection toute illusoire, d'un autre, dépasser le choc et ne pas "plaindre" les gueules cassées et autres victimes d'une mauvaise image, ce serait refuser de se mettre à leur place, refuser de reconnaître qu'une bouche éclatée par une explosion, un oeil qui n'est plus à sa place ou un corps dépossédé de ses deux jambes sont des choses horribles pour ceux dont l'âme doit faire avec un véhicule que la vie n'a pas respecté. C'est un sujet d'humanité hyper bouillant qui questionne notre perception et notre condition, notre propre fragilité aussi. Il rappelle également qu'avant d'être des soldats qu'on a envoyé sur un front déshumanisant, ils étaient comme vous et moi de jeunes hommes qui voulaient vivre leur vie, ils avaient leur visage, leur corps, leur existence propre et liée à leur naissance, leurs parents, toutes les influences génétiques qui construisent notre identité "visuelle". Ils pouvaient donc comme tout le monde tenter de s'assumer sans perturbation. Mais la guerre passée par là avec son grand talent, tout bousiller, a d'abord et surtout bousillé l'être humain. Dans sa tête et sur son corps. Elle a méprisé la vie et l'a envoyée au cimetière, qu'on voit dès le premier plan, ce qui passerait pour plus enviable que de devoir continuer à vivre avec une marque de l'horreur moderne indélébile et en plein milieu du visage.


La première partie du film m'a donc particulièrement intéressé car dans ma famille on a beaucoup parlé de ce phénomène là des gueules cassées et des vétérans handicapés qui deviennent des pestiférés du fait de la guerre à qui nous vouons une haine sans borne. Dans le film nous pouvons donc voir ces photographies et images des gueules cassées et sentir venir un sujet profondément délicat et tout à fait humain. Car même si la première guerre mondiale est loin, il existe toujours des gens qu'on appelle gueules cassées, qui sont mutilés soit par les guerres modernes, soit par des accidents violents, ou bien encore par des maladies qui détruisent le corps. On voit ces temps-ci une campagne de mobilisation et de don afin de combattre le Noma, une maladie dévoreuse de chair et même d'os, présentée par Samuel Le Bihan dans un spot télévisé. Dans la version disponible sur Youtube, le visage d'un enfant victime de cette maladie est visible intégralement et Samuel Le Bihan explique "Ce visage n'est pas né des mains d'un maquilleur." Dans la version pour la télévision, son visage est flouté "pour ne pas heurter la sensibilité des plus jeunes". Cela illustre bien la question épineuse qui entoure l'image du corps et du visage. Et finalement quelle sensibilité va-t-on construire si l'on cache aux enfants des visages "monstrueux" qui appartiennent bien à des humains, leur laissant croire que les visages "monstrueux" n'appartiennent qu'aux "monstres" ? C'est un peu construire une sensibilité qui finalement en déduit qu'un humain avec un visage monstrueux est moins un humain que tous les autres qui rêvent d'être Adèle Exarchopoulos ou Georges Clooney.

 Comment accepter ces visages ? Et comment ceux qui vivent avec peuvent-ils s'accepter eux-mêmes, alors qu'il est si difficile pour nous de les regarder vraiment ? Peuvent-ils, osent-ils continuer à fréquenter le monde ou sont-ils condamnés à vivre reclus ? Lors de l'échange qui a suivi la projection et durant lequel  il était impossible de ne pas sentir l'intérêt personnel très sensible de Vanessa sur ce questionnement, elle me l'a dit elle-même : le visage c'est l'identité. Comme la voix, les empreintes digitales, tout ce qui nous rend singuliers. C'est donc l'identité entière qui souffre lorsqu'un événement fait souffrir le visage et le corps.

 Mais d'un coup tout bascule sur la base d'un lien qui n'est pas injustifié mais surprenant, et nous allons tenter de l'expliquer bientôt. Le film quitte le début du siècle dernier pour se consacrer à aujourd'hui et même à demain puisque Vanessa va à la rencontre de la science, avec des interviews tournées elle-même mais aussi des images pré-existantes d'entretiens avec des spécialistes de la reconstruction faciale pour demander de quels moyens nous disposons aujourd'hui pour minimiser l'impact d'une mutilation voir la faire disparaître entièrement. Beaucoup de méthodes sont alors passées en revue, de la pure chirurgie à ce qui occupe la communauté scientifique aujourd'hui : la future régénération cellulaire. En gros, les médecins espèrent pouvoir cesser de "reconstruire" ou de greffer des organes ou des membres d'un corps vers l'autre mais trouver comment maîtriser le pouvoir de régénération des cellules pour totalement recréer ces corps et ces organes à partir de leurs propres cellules. Question passionnante aussi puisqu'elle préfigure du monde dans lequel nous vivrons demain et fait prendre conscience de progrès incroyables de la science. L'un des spécialiste se dit extrêmement optimiste et souligne que des milliers de chercheurs sont déjà penchés sur cette question. Il n'y a alors plus d'images frontales des mutilations, plus de récit sur la vie avec ce handicap profond et plus de questionnements sur la condition "fragile" de l'être humain puisque finalement, on se dit qu'il n'y aura plus de gueules cassées dans l'avenir de la médecine et que pour ceux qui vivent avec ce mal dans l'attente des solutions effectives, c'est un peu "dommage et tant pis". Ils sont évacués du film très rapidement.


Mais revenons sur ce saut dans le temps et la réorientation du sujet qui passe d'une situation humaine très particulière à quelque chose de plus scientifique et informel car j'en ai parlé à Vanessa directement lors de l'échange, il me semble que quelque chose derrière son film témoigne d'un intérêt plus profond et d'une frustration palpable de n'avoir pas pu mettre en images le véritable sujet qui l'animait, à savoir cette vie rendue difficile voir impossible lorsqu'on doit faire avec un visage et une identité mutilés. Et la réponse de Vanessa fut bien logique, tout est lié au sujet lui-même, il explique pourquoi le film ne pouvait pas être autrement ou en tous cas pourquoi jusqu'ici il n'a pas pu prendre de forme "détournée" ou artistique qui puisse montrer la réalité de la mutilation ou nous offrir le récit d'une de ses victimes. Puisqu'ils vivent très difficilement dans une société au sein de laquelle l'image est primordiale et le jugement permanent, ils et elles refusent d'être vus dans le réel aussi bien que sur un écran. Ils n'acceptent pas de se laisser filmer ou de raconter leur histoire, dans tous les cas, pour parvenir à un tel miracle de partage il faudrait bien plus qu'un an et un projet de film d'étudiant pour pouvoir pénétrer dans leur univers et le rendre perceptible à des spectateurs insouciants. 


C'est pour cela que j'ai dit à Vanessa que j'avais l'impression qu'elle n'avait pas parlé de ce qui la touchait véritablement, à savoir le sort auquel sont condamnées les personnes qui sont dans une situation de handicap aussi ostensible et violent. Elle nous a expliqué qu'il lui arrivait souvent de croiser une personne au visage mutilé mais qu'il serait bien difficile de lui adresser la parole "comme çà" en mode "Bonjour je fais un documentaire sur les gens mutilés du visage vous me racontez ?". C'est logique, puisque toute la problématique d'une vie dans ces conditions c'est justement l'image de soi au milieu des autres. Si vous et moi nous hésitons à parler de nous face à une caméra de peur qu'on nous juge trop sévèrement ou qu'on se moque de nous, imaginez un peu pour des gens dont le jugement et la moquerie sont sans doute un quotidien qu'ils évitent en préférant s'isoler. Peut-être qu'un jour une personne à la gueule cassée accepterait de se confier pleinement et d'être vue frontalement sur un écran, mais pour cela c'est certain, il faudrait un projet de longue haleine ou rudement bien ficelé avec des gages de sérieux et sans doute des conditions précises de diffusion ou de partage du résultat, bref, c'est juste impossible dans le contexte du DU. Dans l'échange j'ai dit à Vanessa que peut-être il existe une façon dont j'ignore la nature de mettre cette histoire et cet intérêt là, plus profond, à l'image mais d'une façon détournée. Peut-être via un autre support ajouté au film, le dessin ? La photo ou l'animation ? Pour compléter un témoignage sonore et seulement sonore ? Je ne sais pas du tout. Et tout ça me pousse à dire que j'imagine à quel point ce projet a du être compliqué et difficile car articuler le film tel qu'il est aujourd'hui tout en ayant un intérêt bien plus vif et personnel à délivrer à l'intérieur de soi, c'est sans doute une déception pour elle, encore que là je préjuge avec ma seule déduction, je n'en sais rien. Mais pour moi ce film est un épisode "pilote" qui devrait déboucher sur un véritable "épisode 1". Après une approche plutôt à distance et qui dévie sur la question scientifique, l'aspect humain profond reste à explorer avec toutes les difficultés particulières que cela comporte. Un énorme défi quoi, qui non seulement poserait beaucoup de problèmes dans sa faisabilité mais serait aussi une énorme prise de risque à l'issue éventuellement dramatique si le propos construit n'éliminait pas toute possibilité de mépris de la part du public qui ferait face à cet éventuel film lié au sentiment de la documentariste et à son sujet, à ses témoins.


Voilà, gros morceau de texte pour ce film car c'est sans nul doute celui qui m'a le plus intrigué "en tant que" film, qui m'a poussé à me demander s'il s'agissait vraiment de près ou de loin du film qu'imaginait Vanessa et quelque chose à mon sens est resté en sommeil derrière l'écran. Je trouve ça dur car le docu de création et la liberté de ton qu'il permet à ceux qui le pratiquent (toutes proportions gardées et conditionnées par les producteurs et autres intervenants) n'a pas pu rendre service au sujet qu'elle a amené et qui j'en suis assez convaincu n'aurait pas pu être traité avec l'humanité qui lui est dû en si peu de temps de formation et en si peu de temps de film. Je salue le fait qu'elle soit allée jusqu'au bout de cet essai qui me semble vraiment souligner l'existence non pas d'un "acte manqué" car le film est là et se regarde quand même sans effort, mais d'un acte qui manque, ou le chapitre le plus humain : la parole ou le témoignage, même rapporté, d'une ou de plusieurs personnes qui vivent véritablement cette situation qu'on ne peut pas imaginer puisque nous ne sommes pas à leur place. Ou bien encore la parole de Vanessa elle-même qui j'en suis tellement convaincu pourrait partager sa sensibilité pour aiguiser la nôtre. Quelque part, le malaise qui peut entourer le format et le dispositif de ce film est cohérent et compréhensible car il correspond au malaise et au questionnement que soulève le sujet même. Encore une fois je le redis, du respect pour toutes les démarches présentées ici.

A NOTER : Vanessa a modifié son montage récemment pour raccourcir son film.
Ce retour est donc lié à la version longue présentée au FIFAM.


 Au nom du père (25 min)
de Daniel De Almeida

 [Pour l'instant pas de capture disponible]

Daniel porte un nom, comme tout le monde. Il s'appelle "De Almeida". Mais il y a un mystère derrière ce nom, car dans sa famille, seul son père le portait, et Daniel ignore d'où ce nom peut bien sortir car ses grands-parents ne le portaient pas. Il semble qu'il n'y ait aucune filiation connue avant son père permettant de comprendre ce que "De Almeida" fait sur ses propres papiers. Pour tenter de comprendre ce qui se cache derrière cette situation, il rencontre une spécialiste de l'histoire et des noms de familles portugaises. Mais celle-ci ne voit pas pourquoi ce nom apparaît là. Chou blanc. Il décide donc de mener son enquête et part pour le Portugal sur les traces de son géniteur afin de rencontrer ses anciens voisins et amis. Il les questionne, "avez-vous connu mon père ?". Beaucoup lui répondent que oui, car le village où il a vécu est un petit endroit, les gens se connaissent bien. Tous plus souriants les uns que les autres ils voudraient bien pouvoir l'aider à comprendre, mais ils n'en savent pas plus. Ils peuvent seulement lui décrire un homme qui était un bon vivant et qui semble-t-il était très espiègle. Certains d'entre eux ignorent par ailleurs que celui-ci est décédé depuis cinq ans des suites d'une maladie et Daniel l'apprend à l'un de ses anciens amis alors qu'ils marchent tous deux sous l'oeil de la caméra, un moment furtif qui n'est pas au coeur du film mais qui néanmoins rappelle le sérieux de ce dont on parle, d'une vie et d'une identité.

Car le documentaire de Daniel est vraiment amusant. Pour le spectateur c'est un mystère qui s'ouvre au début du film et qui provoque tout un périple d'enquêteur, il y a un suspense, quelque chose qui nous pousse à vouloir une réponse. Mais lors de chaque réaction de spécialistes ou de témoins qui pourraient peut-être l'aider, et bien non, ceux-ci lui disent ne pas comprendre et lui souhaitent bien du courage, car c'est incompréhensible. La façon dont il structure son film met en avant ces échecs et l'incongruité de sa demande, tout le monde semble "paumé" face à ce mystère qui tient sur un bout de papier. Filmé au fur et à mesure de sa recherche et dans le vif de ses rencontres, "Au nom du père" permet de constater que Daniel voudrait bien savoir, mais se montre très positif et plein d'entrain, comme si ce mystère sans réponse était tout de même le prétexte pour un voyage dans le passé qui révélera bien plus que l'origine d'un nom. Finalement, il interroge sa propre mère qui explique dans un français teinté d'un fort accent portugais que son mari menait des activités elles aussi mystérieuses pour elle qui le laissait disparaître le soir sans donner d'explications. Selon elle, il distribuait un journal très politique et clandestin. Et cela serait lié à leur installation en France car un jour, la mère de Daniel a vu deux policiers venus pour le trouver sans dire pour quelle raison. Elle a senti que ses activités secrètes pouvaient le mettre en danger et l'a incité à quitter le Portugal. 

D'un coup le récit se pose, le rythme change totalement, le sujet se transforme. C'est un témoignage extrêmement touchant qui arrive comme une réponse décalée au mystère. En réalité, ce nom n'est pas si important, ce qui s'explique c'est le départ d'un pays vers un autre et le sentiment violent de dépaysement ressenti par sa mère en arrivant. Deux années à manger de la soupe afin de pouvoir payer leur logement, et la difficulté de s'insérer dans une nouvelle société aux valeurs et aux paysages qui diffèrent trop à son goût. Elle en parle avec le sourire, s'amuse de certaines choses, mais finit par dévoiler une émotion vraiment profonde lorsqu'elle commence à évoquer ce que leurs propres parents ont ressenti au moment de ce départ. Des larmes commencent à couler et de façon vraiment très classe, Daniel change son cadre, en évacue sa mère pour mettre un terme à ce film. 

Un film vraiment intéressant du fait de ce schéma "du rire aux larmes", partant d'un sujet intriguant mais traité avec légèreté pour finir sur des révélations bien plus profondes qui ont marqué l'histoire des deux parents de Daniel. Et j'ai trouvé que de ce fait il n'y avait pas de voyeurisme malsain, pas de situation inconfortable pour le spectateur et une vraie attention à l'égard de ceux qu'ils filment. Les larmes posent toujours une question particulière dans le documentaire, faut-il les filmer ou non, et si oui, comment le faire sans être dans le sensationnalisme ? Celui-ci reviendrait à sauter sur la tristesse d'un témoin en faisant un gros zoom bien baveux sur des yeux humides et une bouche recouverte de salive en n'interrompant surtout pas ce moment qui témoigne d'une faiblesse qui rendra le spectateur supérieur. Et bien ce dernier plan qui clôture un film sacrément bien construit démontre que Daniel De Almeida n'a jamais voulu "exploiter" l'histoire de sa famille mais partager avec nous une complexité, un récit sur une famille portugaise parmi tant d'autres dont nous ignorons parfois la culture, le mode de vie de leur pays natal et surtout le courage et la volonté d'aller de l'avant qui leur a permis de consolider une vie en France et d'être reconnus comme méritants malgré leur statut d'immigrés. Car on peine peut-être à l'imaginer aujourd'hui que nous sommes médiatiquement et politiquement accaparés par les populations du Maghreb ou d'Afrique et les difficultés qui entourent leur intégration mais toutes les populations immigrées de l'Histoire de France ont eu à affronter de grandes difficultés et une grande méfiance de la part des français d'origines et de leurs institutions. 

Un film complet du coup, qui nous invite au réel voyage pour un réel accès à la compréhension. Un humour humaniste, une gravité qui l'est toute autant. Il fait partie de mes claques de cette journée et beaucoup de gens que j'ai croisé ensuite m'ont dit la même chose : "Génial le film de Daniel!". C'est vrai, vraiment excellent. Il s'est saisi de son histoire familiale et personnelle pour en faire une chose hyper accessible et d'abord amusante, ensuite bouleversante, le tout sur un fil, à deux doigts de nous montrer une chose trop intime...qu'il préfère sortir de son cadre. On pourrait donc dire que c'est un film "vraiment très classe". 

La tête à ciel ouvert
de Carole Dessinger

 Carole est photographe et semble déjà travailler autour du cinéma notamment au sein du Festival des 3 Continents, ce qui ne l'a pas empêchée de suivre cette formation au documentaire de création. Son profil facebook en témoigne, Carole semble très attirée par l'univers de la nature et en particulier de la forêt, et c'est justement le sujet de son film.

Malheureusement je ne retrouve que très peu d'informations sur le film par le biais d'internet et dans le noir de la projection je n'ai eu ni le temps ni les yeux suffisants pour noter le nom de l'homme qu'elle filme et qui paraît mener une vie militante par ailleurs très poétique. Il déambule entre les arbres en cherchant à redonner vie à ceux qui ne sont plus que des écorces ou des rameaux tombés au sol par le biais de "l'empilage". Du moins j'explique ce qu'on voit à l'image, je suppose que sa vie ne se résume pas à cela ! Une pratique qu'on connait déjà un petit peu car des randonneurs et des artistes aiment transformer l'espace en empilant par exemple des roches et cailloux qui se maintiennent alors en équilibre. Le résultat est bien souvent troublant car on se dit naïvement qu'un coup de vent devrait tout envoyer au sol en une minute, ce qui n'arrive pas. Cet équilibre incroyable qui nous saute aux yeux évoque à mon sens une puissance invisible peut-être liée à la force de la nature elle-même, son essence profonde et imperceptible. Mais là je m'avance un peu, et c'est mon ignorance de cette pratique qui parle. En tous cas, il semble un peu plus aisé d'appliquer ce principe aux morceaux de bois qui par endroit comportent des formes presque "emboîtables". 

Au son, c'est la voix de cet homme qui tente de propulser sa passion qui est un attachement à la nature et sa beauté fragile en direction du spectateur. Il explique de façon très affirmative que ces espaces méritent un grand respect et plus d'humilité de la part des Hommes. A l'image, il déambule dans les bois repérant à l'oeil les "spots" éventuels pour son installation ainsi que les morceaux de bois qui deviendront ses sculptures. En tous cas c'est ce que je crois avoir compris. 

Car le film me semble prendre la forme d'un manifeste. Il est très court et quasi expérimental selon moi. Il n'y pas de récit tout à fait linéaire ou de questionnement à proprement parler, c'est plutôt un moment qu'on partage avec dans le commentaire de l'homme lui-même une explication de sa démarche. Le seul souci en vérité, c'est que je ne l'ai pas bien comprise et que le moment fut si court que je n'ai pas eu le temps de m'y sentir "inclus". Je m'en veux particulièrement car j'ai dû décrocher à ce moment de la projection et ne pas être assez concentré ou attentif pour parfaitement me connecter au film et véritablement le comprendre... Et ça m'embête vraiment car je voudrais bien en parler d'une façon plus complète et vraiment respectueuse de la démarche de Carole. En m'appuyant sur certaines de ses photos j'ai le sentiment que le thème du rapport entre la ville et la nature l'intéresse et que sa sensibilité à elle passe bien mieux dans ses photographies que dans ce film qui la laisse hors du projet pour ne se concentrer que sur cet homme dont vraiment, je m'en veux, je n'ai pas retenu ce qu'il faisait d'autre peut-être à un niveau associatif ou plus politique. 

Je m'en veux tellement de ne pas pouvoir dire mieux que ça ! Et c'est totalement ma faute, je n'avais qu'à faire un effort supplémentaire et ne pas décrocher durant ce moment dont le message était peut-être bien plus fort et important que ce que j'en ai saisi au vol. On m'a dit qu'une version précédente du film comprenait une séquence de noir à l'image accompagné du son du vent dans les feuilles et de la forêt qui grouille de vie mais que ce moment a sans doute été incompris ou jugé inutile par Carole elle-même. Étrangement lorsqu'on m'a expliqué ça je me suis dit "dommage" car l'impression que j'ai eu, à savoir celle d'être face à un essai plutôt expérimental, aurait sans doute été encore plus forte avec une séquence de ce type nous plaçant encore plus efficacement nous-mêmes dans cette forêt à imaginer alors. Peut-être aurions-nous fermé nos yeux pour être transportés de ce lieu de cinéma en plein coeur de la ville jusqu'à ces bois qui ramènent à un réel plus réel que celui de nos nids de béton, celui de la nature qu'on perd l'habitude de fréquenter. 

J'espère avoir une occasion de revoir ce film afin de corriger mon manque d'attention, car je ne peux attribuer à ce film aucune perfectibilité ou aucun "défaut" supposé, ni l'encenser comme je le voudrais, je suis coupable votre honneur. Et je n'aime pas manquer d'attention envers un film, à moins que vraiment, mais vraiment vraiment, il soit horriblement nul, sans démarche et intérêt véritable. Et là ce n'est pas le cas, je sais au moins parfaitement qu'il y a une sensibilité qui se cache derrière, c'est plutôt la forme que je n'ai pas réussi à saisir. Je me dis pour me consoler et faire amende honorable que Carole est photographe et doit probablement être armée d'un oeil et d'une sensibilité très uniques, des visions qui lui appartiennent et qui peuvent être effectivement expérimentales, en tous cas singulières. Alors disons que c'est une bonne raison pour vous de voir ce film : mieux le comprendre que moi et venir me hurler que j'ai vraiment été bête sur ce coup. Mes excuses à Carole Dessinger, j'ai été un mauvais spectateur, ça c'est une certitude...

Mise à jour : Lors d'une discussion avec une camarade de Carole j'ai pu apprendre 
qu'il était en réalité paysagiste et passionné de photographie. 
Il me fait tout de même revoir ce film au plus tôt afin de mieux vous le présenter.



La Fracture (17 min)
de Livia Desmarquest



Livia a étudié à l'UFR des Arts et intégré le DU Documentaire afin de maîtriser un nouvel outil d'expression qui permet de restituer une certaine complexité humaine, et vous comprendrez vite que c'était nécessaire pour elle. A vrai dire, le premier thème qui surgit est celui de l'art-thérapie, pratique que Livia découvre au début du film. Lors d'un atelier son "accompagnant" (on ne peut pas dire "enseignant" concernant l'art-thérapie, si ?) lui donne un texte à trous qu'il faut remplir. Exemple : "J'ai 25 ans" ce à quoi Livia ajoute en suivant la consigne sa propre suite : "mais je suis encore une enfant". Les phrases s'enchaînent et Livia le lit à haute voix comme pour se comprendre elle-même, avoir un dialogue intérieur qui marque en même temps une distance, c'est le propre de l'écriture. Mais il s'agit pour elle avant tout d'extérioriser une douleur qui l'habite et qui touche à un contexte familial qui lui fait du mal et qu'elle a besoin de comprendre. C'est une séparation. 

Depuis des années son frère ne veut plus adresser la parole à leur père. Pas directement concernée par ce conflit qui semble "gelé" entre ces deux hommes, elle a néanmoins une place particulièrement inconfortable, elle est la soeur de l'un et la fille de l'autre, et malgré sa propre présence, il n'existe plus de lien entre eux. Cela provoque une peine et un besoin de compréhension intenses en elle. L'art-thérapie qu'elle explore d'abord par le biais des arts plastiques et du dessin doit lui permettre d'avancer. La genèse de son film c'est l'idée de prolonger la démarche en utilisant la caméra et l'enregistrement. Avec un courage et une liberté proprement hallucinants, son père accepte d'être filmé par elle et de laisser entendre par un public la nature de leurs échanges. 

Mais le film que nous avons eu la droit de voir sous nos yeux, doit avoir une utilité interne à la famille et propre à Livia également. Elle lui pose tout un tas de question qui peuvent paraître un peu naïves et peut-être même déplacées étant donnée qu'elle interroge l'un des protagonistes de cette douloureuse situation. Mais c'est une manière pour elle de se faire exister elle-même dans cette histoire et de faire reconnaître sa présence, le fait que cela la touche et participe à fonder un manque lié à l'idée même de "famille". Elle lui demande donc à un moment s'il réalise qu'elle est profondément touchée par la situation et lui demande s'il s'en rend compte. Il lui répond qu'il s'en doute, mais que le plus dur pour lui c'est d'imaginer ce que son fils ressent. Livia lui propose de prendre un temps de réflexion puis d'écrire une lettre à son fils qu'il pourrait lui lire et qu'elle immortaliserait dans un film, qu'elle aurait peut-être pu amener à son frère pour qu'il entende et qu'il puisse voir son père dans un temps "différé". Mais rien ne lui semble utile à dire car les tensions qui nous traversent tous dans de telles fractures nous poussent à interpréter les mots et les idées d'une façon qui nourrit notre colère, il est très difficile pour nous de mettre nos égos de côté, c'est une chose humaine qui nous concerne tous.

Pourquoi vous ne vous parlez plus ? Il l'explique, "c'est ton frère qui ne veut plus me parler et je l'ai accepté c'est comme ça". Livia tente de pousser le questionnement peut-être pour trouver la phrase qui débloquera la parole de son père, mais celui-ci avec une grande honnêteté lui confie qu'il a tellement pleuré de cet éloignement qu'il n'en a plus la force aujourd'hui, c'est maintenant devenu une réalité et à son sens, elle n'évoluera jamais. Lors d'un de leur dialogues, il retourne la situation et propose de poser une question à Livia afin qu'elle livre son propre sentiment quant à l'avenir.
"Je te pose une situation, puis je te pose une question et tu devras me donner ta réponse la plus directe et rapide. Si j'étais à l'article de la mort, à cause d'une maladie et que je devais mourir dans quinze jours, est-ce que tu crois qu'il voudrait me voir ?".

Arrêtons-nous un instant pour réaliser à quel point nous assistons à une chose intime et fondamentale dans l'histoire d'une famille. Chose profondément humaine, on est tout de même sur la question de ce qui nous lie entre humains, et dans une famille, c'est tout à fait particulier car un principe de "sang" impose que dans l'idéal la famille soit complète et soudée. Et déjà se pose tout de même la question du voyeurisme malgré un sujet qui peut être paradoxalement universel. Mais comment parler de voyeurisme, puisque c'est sa propre famille et qu'elle accepte parfaitement sa démarche ? Son frère Max n'est pas présent dans le film mais ne l'a pas empêchée de le réaliser. Juste évoqués à l'image, un ami de son frère, une tante et sa mère ont tenté eux aussi de répondre à ses questions, le projet fut donc accepté par la plupart des personnes concernées, c'est important de le souligner. Alors nous autres spectateurs, serions-nous les véritables voyeurs ? Hmm. Ce n'est pas impossible. 

Néanmoins, la chose qui nous introduit dans ce récit, c'est la fonction réparatrice de l'art-thérapie.
Le film lui-même est l'un de ses outils. On pourrait considérer alors qu'en réalité, nous sommes ici pour constater l'utilité d'une telle pratique accessible à tous. Hmm. Ce n'est pas impossible. Mais quel est cet objet en réalité bon sang ?! La question ouverte par le film s'estompe au fur et à mesure que nous comprenons que ces témoins là sont d'une honnêteté naturelle, ils parlent ouvertement et considèrent peut-être eux aussi, comme on peut le dire quand on ne vit pas dans l'illusion de la famille idéale, que "toutes les familles connaissent des difficultés". Moi-même d'ailleurs, je n'ai pu empêcher de verser quelques larmes lors de ce visionnage sur grand écran (je l'avais déjà vu de façon confidentielle car Livia me l'avait partagé) réalisant tout à coup que ce film me parlait énormément. Je suis en rupture avec mes frères et cela fait déjà une dizaine d'année pour deux d'entre eux. Trêve de confidences me concernant, cet article ne sera d'aucune aide pour arranger les choses ! Mais je souligne que toute personne étant déjà sensible à la réalité complexe des vies de famille sera sans nul doute connectée à ce récit pour mieux en prendre la puissance dans la face.

Le film se déroule, les questions fusent et le blocage reste entier. Livia doit donc conclure et malgré tout le fait sur une note positive : son film ne lui a peut-être pas permis de faire avancer les choses mais elle est au moins parvenue à mieux les comprendre et à commencer à les accepter.  Elle confie que finalement son film n'a pas servi à lier des gens qui ne le souhaitaient plus ou qui ne pouvaient rien faire pour entre eux, mais qu'il lui avait permis d'écouter la parole de son père une fois entrée en salle de montage. "J'ai découvert qu'il avait peur des mots, peur de parler à mon frère et qu'il ne veuille pas le comprendre". Au final le plus grand problème, c'est l'incompréhension. Car à la source de ce refus de dialoguer de la part de son frère, il y a une rupture, un départ survenu alors qu'il avait onze ans. C'est celui de son père, qui à ses yeux ne s'est pas bien comporté avec leur mère et n'a pas assumé ses responsabilités de père en décidant de partir. 

Encore une fois, c'est impressionnant d'écrire sur un film et de l'expliquer en ne faisant rien d'autre finalement que de raconter l'histoire intime et complexe d'une famille marquée par son explosion. Le sentiment d'être voyeur n'est pas tout à fait effacé. Et c'est bien cela la force du film. Car il se tient entre l'équilibre de ce qui est privé et de ce qui est universel, l'incompréhension possible et marquante qui peut naître entre deux membres d'une même famille, les poussant à se rejeter au loin tout en impactant ceux qui sont là eux aussi et qui héritent d'une nouvelle douleur, qui est également une incompréhension, en l'occurrence, celle de Livia. C'est sans conteste la palme, ou plutôt la licorne d'or (FIFAM oblige) de cette projection, à mon seul point de vue bien sur, car la puissance de ce film vient d'abord du fait du courage qui a donné lieu à sa naissance, du fait également de la tentative de Livia déterminée à changer les choses du réel par le biais d'un film, détermination qu'elle entend nourrir encore dans le futur par le biais d'autres projets car le fait que le documentaire puisse changer la vie, elle y croit ferme. Elle me l'a dit aujourd'hui même. 

Ce qui est super aussi dans un certain sens, c'est qu'on pourrait dire sur un tel sujet et avec un esprit un poil tordu que "franchement c'est facile de faire du larmoyant et de récolter des lauriers". Mais non, pas du tout. Parce que le sensationnalisme dont on a parlé vis à vis du film de Daniel qui parvient à l'éviter avec classe, il ne peut pas être identifié ici, à moins de considérer que les "sensations" en questions ne doivent être ressenties que par la famille de Livia elle-même et dans un but précis qui n'est pas un mépris. Interrogation tout de même sur la future vie de ce film et ses éventuelles diffusions, car s'il s'agissait de montrer en quoi une étudiante du DU avait su trouver une utilité indiscutable au documentaire de création et s'il était en même temps un outil thérapeutique lui permettant d'avancer, il n'en devient tout de même pas complètement un film "tous publics" du fait de sa nature intimiste. Il est fort paradoxal et complexe, et la complexité est sans doute la chose que le documentaire tente de sublimer. C'est chose faite ici. Et on ne saurait quoi dire, quoi critiquer et identifier comme perfectible dans son documentaire, car la démarche d'ensemble, c'est le documentaire lui-même qu'elle sublime avec l'idée qu'il a un pouvoir sur le réel, celui de le rendre lisible, même s'il ne débloque pas la parole. Il est un outil de compréhension, pour nous autres spectateurs invités à connaître la famille de Livia mais aussi pour la famille elle-même qui doit vivre depuis des années avec ce réel qu'on aurait cru insondable jusqu'à la naissance de ce film. 

Sur un plan technique, histoire de tout de même revenir à du "critiquable" et ne pas être taxé de sentimentalisme et bien aucune critique, la forme est parfaite, le découpage lui aussi. Un début, la volonté de comprendre par l'art-thérapie, un développement parfois douloureux mais d'une sincérité éclatante dans l'échange père-fille, une conclusion enfin qui oriente le constat pour décrire l'expérience comme une chose positive qui enrichit la compréhension de Livia et sans doute lui fait chaud au coeur. Car concernant le hors-film, la première projection de son documentaire fut tout de même un pas de géant consenti par son frère qui est venu assister à l'événement. La deuxième, hier au festival d'Amiens, fut un autre pas, peut-être moins contraignant mais symbolique, puisque son père et sa mère sont venus depuis le sud jusqu'à Amiens pour assister à la projection. J'ai pu poser à Livia une question n'appelant en réalité qu'une seule réponse : alors, tu es fière de ton film ? Elle l'est et c'est très heureux. Je n'aurais pas compris qu'elle soit déçue par l'objet final né d'un effort de construction, d'engagement intime ayant permis dans le même temps une prise de recul qui semble libératrice. Si l'on considère que le sujet du film était l'art-thérapie et rien d'autre, le film a su démontrer que oui, l'art-thérapie c'est utile. Et du même coup il a prouvé que le documentaire est utile, qu'il peut être une forme de thérapie dans un cadre intimiste. J'ai le sentiment que Livia tentera prochainement de montrer que le documentaire peut-être une thérapie pour la famille humaine dans son ensemble à travers ses prochains projets. Et que dire si ce n'est chapeau bas, que dire à part que ce film aura été utile à bien des égards et pour bien des individus venus le regarder et se le prendre en plein coeur ? 

Concernant l'accueil qu'a reçu le film, il est unanime, on est un paquet de gens à avoir pleuré. Et cela me prouve qu'il n'y pas de voyeurisme outrancier car je l'ai dit plus haut dans une certaine mesure, le sensationnalisme voyeuriste rapetisse les gens qui souffrent en exploitant leur douleur pour qu'un spectateur en manque de faire-valoir puisse se sentir plus fort ou plus grand que ceux qu'il regarde sur l'écran. C'est l'effet que j'identifie pour ma part dans ce courant de cinéma et de journalisme misérabiliste et déplacé. Ici au contraire, la douleur est respectée, les individus sont grandis. Et nous, nous sommes honnêtement touchés, on ne peut pas tomber sur le dos du film ou de Livia en lui reprochant d'avoir montré des choses "qui ne nous regardent pas". Car nous avons tous une famille et pour la majorité d'entre nous j'en suis convaincu, elle n'est pas synonyme de bonheur sans accrocs. Tant de gens autour de moi ont été blessés par une incompréhension au sein de leur famille, et comme je l'ai dit au détour d'une confidence, c'est mon cas aussi. Ceux qui imaginent que la famille ça fonctionne d'office et pour toujours car ils ont la "chance" d'en peupler une qui va à merveille, j'aurais presque envie de les inciter à voir ce film pour qu'ils puissent réaliser que ce concept de lien du sang ou d'engagement civil ou religieux (dans le mariage) n'empêcheront jamais comme par magie de s'installer une de ces incompréhensions et qui peuvent faire exploser un noyau qu'on croyait dur. 

Un film magnifique quoi. Je ne pense pas que vous aurez la possibilité de le voir car je l'imagine mal faisant le tour des festivals ou des salles de cinéma. Mais cela dépend de Livia et de sa famille à qui appartient aussi le film. Si vous entendez dire un jour que "La Fracture de Livia Desmarquest passe à tel endroit" profitez-en et sautez sur l'occasion de le voir. Car s'il n'est pas voyeuriste il est "confidentiel" et sa diffusion publique est une autre forme de casse-tête qui demandera sans doute à Livia d'y réfléchir à deux fois lorsqu'elle aura l'opportunité de faire connaître son travail.On peut donc dire que nous avons été chanceux de le voir et que son souvenir restera sans doute gravé dans nos têtes histoire de soigner nos coeurs lors de nos prochaines incompréhensions à nous. Impatient de voir Livia démontrer son talent sur des projets qui nous concernent tous de façon plus évidente car si elle parvient à nous faire réfléchir quant à l'incompréhension qui règne parfois dans le reste du monde et cette famille humaine dont je parlais, ses films risquent de faire des étincelles, et de belles.



CONCLUSION


Quelle journée mes amis, quel bonheur de voir tant d'humanité qui transpire sur l'écran.
Et quel bonheur aussi de percevoir dans ces films un message sur la faisabilité et l'accessibilité du documentaire. Par son biais on peut entrer là où on n'aurait jamais pensé entrer avant et le contrat moral qui lie le filmeur au(x) filmé-e-s sert à construire sans maladresse un récit qui propulse l'expérience singulière d'une ou de plusieurs vies dans un cadre qui nous interroge et nous lie tous. Qu'il s'agisse du récit d'une personne qui a d'autres origines, d'autres convictions, d'autres expériences de vie, qu'il s'agisse d'un sujet "commun" ou d'une exploration houleuse. C'est le propre du cinéma, y compris 'en pratique du spectateur", qui s'assied au milieu des autres pour que tous les yeux et toutes les têtes, tous les coeurs soient tournés vers un de ces outils de compréhension. 

C'est aussi pour cela que ces jeunes auteurs méritent un grand respect car on ne choisit pas de faire du documentaire sans intention humaniste, qu'on juge l'essai réussi ou non, il s'agit d'un engagement profond et parfois douloureux. C'est pour cela qu'on dit généralement aux cinéastes "qu'ils accouchent" de quelque chose. Le film retranscrit leur regard et leur digestion du réel, c'est particulièrement vrai et vivant dans le documentaire. Et vu l'apport qu'il peut représenter pour un public aussi divers que les sujets qu'il aborde, il serait vraiment dommage de s'en priver. 

Félicitations aux étudiants de ce DU, tous autant qu'ils sont, ainsi qu'à ceux qui l'ont imaginé et qui le font vivre, Caroline Zéau, Pierre Boutiller ainsi que tous les professionnels qui interviennent en cours d'année pour orienter les projets et les "reconfigurer" pour qu'ils puissent un jour avoir une vie dans les salles ou sur les écrans. Tout ça mérite, je me répète, un grand respect et j'espère inciter les curieux qui se sont goinfré cet interminable article à renouveler leur intérêt pour ce cinéma. Moi chaque fois que j'ai l'opportunité de voir les films qui sortent de ce DU, je renouvelle le mien. 

Comme je connais ou que j'ai pu faire la connaissance de certain(e)s des auteur(e)s je me permet de leur envoyer un bisou. J'espère que vous me le pardonnerez. J'crois que vous pardonnerez cela plus aisément que la longueur du texte que je vous ai fait subir. Mais hey, c'est pour une très bonne cause.


RENDEZ-VOUS L'AN PROCHAIN 
(si je peux...)



*Et encore toutes mes excuses à Carole Dessinger dont je n'ai pas su saisir le film au vol afin de le restituer
 avec plus de subtilité et de passion... 
Vraiment ! Si tu me lis et qu'il t'es possible de me faire parvenir un lien de visionnage je reviendrai vite corriger cette bêtise. 
Je vais sans doute te contacter à cette fin !

[DécouverteS] Le D.U Documentaire d'Amiens au 37è Festival International du Film (1/2)


En cette journée du Samedi 18 Novembre le 37è Festival International du Film d'Amiens vivait ses dernières heures avec notamment au Cinéma Orson Welles la projection spéciale de films d'étudiants du D.U Documentaire de l'UFR des Arts d'Amiens. 

Quiconque s'intéresse au cinéma documentaire doit absolument aller à la rencontre des nouveaux auteurs et de ceux qui signent leurs premiers essais en tant que novices, car ces projections sont leurs premières expériences face au public et justifier, expliquer, répondre aux questions sur un travail aussi personnel peut être une épreuve toute aussi violente que le processus de création donnant vie à ces oeuvres.

Les échanges avec les auteurs qui suivent les projections ont ceci de particulier qu'ils ne concernent pas des films qui ne leur appartiendraient plus et seraient désormais entre les seules mains du public. En vérité, les auteurs se livrent ou se "délivrent" eux-mêmes, leurs films étant souvent liés à leur for intérieur, à leur identité ou à leurs expériences humaines les plus marquantes, parfois traumatisantes. Peut-être est-ce l'une des spécificités du documentaire qu'on dit "de création". 

Il ne s'agit pas de films sur des sujets de société ou d'Histoire et qui n'auraient qu'une visée pédagogique à l'attention de ceux qui les regardent. Ils ont également aussi un aspect thérapeutique, comme s'il s'agissait d'analyse psychanalytique personnelle, mais que cette analyse était rendue publique. On en reparle dans quelques lignes (des centaines en fait). Ne pas être touchés par leurs films doit donc être une liberté pour nous, mais pas un risque pour eux. Il faut alors se montrer bienveillants, respecter leur démarche, poser des questions, mais se garder d'être dans le jugement personnel ou l'invective. Les publics les moins habitués à ce courant de cinéma ont parfois du mal à s'en rendre compte car l'humain s'efface bien souvent derrière les représentations plus alambiquées qu'il fait de lui et qu'on se permet donc de descendre en toute insouciance.

Il s'agit également de travail collectif et d'entraide car le petit nombre d'étudiants implique leur participation sur la plupart des projets. Cela leur permet de se soutenir mutuellement mais aussi d'avoir l'occasion de toucher à tous les aspects de la réalisation (cadre, prise de son, montage, parfois interview etc). Comme l'a dit l'une des étudiantes présentes en présentant son film, ils consolident une petite famille et c'est donc main dans la main qu'ils affrontent la rencontre avec un public parfois critique. Cette émission réalisée par Les Faquins vous permettra d'en savoir plus sur cette formation ainsi que sur les spécificités d'un tel processus de création en compagnie d'Adam Wacyk, étudiant, et de Caroline Zéau qui codirige ce DU avec Pierre Boutiller. Elle souligne une chose importante à avoir en tête avant de lire tout ceci ou bien d'aller découvrir les films d'étudiants issus de cette formation : certains étudiants ont déjà une pratique et des compétences dans la fabrication de récits ou d'images car un accès est possible en formation continue ainsi qu'en formation initiale. D'autres étudiants n'ont donc jamais touché une caméra avant de s'inscrire à cette formation. Dans un sens il faut donc être indulgents et considérer que ceux qui ont fait un film de A à Z sans avoir jamais essayé auparavant, même s'ils montrent encore des lacunes techniques ou des hésitations à l'écriture méritent un respect égal si ce n'est supérieur pour l'effort qui a été le leur.

J'espère que vous avez les yeux bien accrochés, c'est parti pour un milliard de signes.
Je rappelle que ces avis n'engagent que moi et que j'ai un grande admiration pour le courage de ces étudiants car pour l'anecdote, j'ai participé à cette formation il y a deux ans, et je n'ai pas su aller au bout... Retour sur ces films qui du premier au dernier m'ont pour ma part touché ou interrogé. 



 
5è quart (19 min)
réalisé par Antoine Leleux 



5è Quart est une plongée dans l'univers méconnu et parfois stigmatisé du football américain afin de mettre en lumière les aspects collectifs et honorables de ce sport. Antoine Leleux suit à cette fin Matthieu (capture d'écran) de ses premiers pas dans l'équipe des Poppy's d'Albert à la finale de la saison, afin de marquer l'évolution du joueur de ses premiers pas hésitants à son engagement total et émotionnel. Il m'a semblé peut-être à tort que la version présentée au FIFAM était plus longue et mieux construite que celle qu'il a déjà partagé sur les réseaux sociaux. Peut-être est-ce juste l'apport d'un second visionnage qui m'a permis de mieux le "digérer", en tous cas la montée en puissance de cet engagement est parfaitement retranscrite. A la manière des documentaires qui concernent des équipes professionnelles que nous connaissons tous telle que l'équipe de France de football maintes fois filmée dans ses vestiaires, 5è Quart accompagne les joueurs lors de déplacements, enregistre les discours d'avant match et les consignes du capitaine. Lors des premiers mois d'entrainement et de matchs, celui-ci évoque bien sur la force et la volonté indispensables pour aller vers la victoire, mais au moment de jouer le match le plus important, la finale, il motive ses troupes avec un seul mot et une seule consigne : l'amour. Amour de ce sport, amour de l'équipe et de son maillot, amour des familles présentes sur le bord du terrain, amour de cette seconde famille qui se retrouve dans les vestiaires . Parviennent-ils finalement à soulever le trophée tant convoité ? Ce serait "spoiler" que de le dire. 

Le tour de force de ce documentaire est de parvenir à retranscrire une aventure au long cours dans une durée aussi courte à l'aide d'une structure très bien pensée et d'un montage énergique. Il fait partie des films les moins personnels vis à vis de l'auteur et ne force à aucune réflexion philosophique pesante, préférant nous plonger directement dans le coeur de ce sport et en nous incitant à espérer au fur et à mesure du film que cette équipe en sortira victorieuse. Un docu vraiment très agréable et je pense que les Poppy's d'Albert peuvent être fiers d'eux et de l'image qu'Antoine a permis de donner de leur pratique en insistant moins sur les aspects techniques du football américain que sur l'engagement humain qui le rend admirable.


Une lettre à mon père (10 min)
de Ousmane Diagana


Ousmane Diagana est l'un de ces étudiants qui suivent la formation du DU Documentaire de Création tout en ayant déjà une certaine expérience du cinéma documentaire ou du journalisme puisqu'il a déjà documenté le sort tragique des populations de Mauritanie marquées par un conflit ravageur avec le Sénégal et par les exactions encore actuelles d'un gouvernement génocidaire que nos pays occidentaux ne dénoncent pas ou si peu. Né d'un père Mauritanien et d'une mère Sénégalaise, Ousmane Diagana livre dans ce court-métrage ses propres interrogations sur le parcours du premier qui après avoir immigré en France il y a plusieurs décennies a finalement choisi de regagner son pays natal, sans doute déçu par un destin moins prometteur que ce que la France semblait pouvoir offrir avec son image de pays des Droits de l'Homme et de fraternité. 

Ce père, qu'a-t-il bien pu trouver ici ? Quelle place lui a-t-on donné ? Pouvait-il s'en créer une meilleure ? Sa déception est-elle liée à cette forme d'hypocrisie qui marie l'identité culturelle très forte de notre pays, qui se présente comme humaniste, avec la réalité plus cruelle d'une place toujours plus stigmatisante pour les populations immigrées et en particulier noires, qu'on retrouve exploitées bien souvent dans des métiers de basses besognes (balayeur, agent de sécurité etc). Ousmane montre une télévision allumée sur Itélé pour illustrer le discours qu'on lui sert dans tout média et qui nourrit de faux débats : les immigrés viennent pour profiter d'un système social, dont ils ne connaissaient pourtant aucunement la nature avant de quitter leurs pays de naissance, des lieux de conflits et de mort. Vraiment ? Son propre père qui tellement déçu a choisi de repartir vivre dans un pays secoué par les troubles politiques et la violence, est-ce juste de l'associer à cette idée de gens qui viendraient abîmer notre stabilité et notre identité dans un esprit de conquête et de profit ? Pour présenter ces questionnements, il choisit d'adresser ce film directement à son père, qui n'est malheureusement plus de ce monde aujourd'hui, pour lui dire qu'il aimerait comprendre ce qui s'est passé. Et peut-être un peu pour lui dire qu'il a déjà commencé à comprendre, se heurtant à ces réalités cruelles. Mais il témoigne également des apports culturels que la France lui a permis d'acquérir. Il cite la littérature, le cinéma et la musique comme des choses parfaitement enrichissantes sur le plan humain. Finalement, c'est le décalage entre cette identité d'un pays qui apparaît comme réellement humaniste dans ses objets culturels et sa politique sociale bien plus obscure qu'il souligne. Une photo symbolise la présence-absence de son père. Pour le faire symboliquement revenir dans ce monde et surtout ce pays, il emmène cette photo avec lui notamment en prenant le bus à Aubervilliers. Elle est comme assise en face de lui qui filme à la première personne avant de panoter vers l'extérieur et cette ville qui apparaîtra ensoleillée, mais dans une impression paradoxalement grisonnante. 

J'ai fortement apprécié ce récit personnel livré avec honnêteté, ainsi que la force et l'audace de ce qu'on voit à l'image. Ousmane Diagana revient plusieurs fois sur ces images cathodiques de débats houleux et pas si honorables tout en les contrastant avec son interrogation qui pour le coup est humaniste, ainsi qu'en osant, j'ai adoré ça, montrer des images de sa propre identité et culture. Lors d'un plan symbolique qui renvoie à la réalité de sa situation, il se filme faisant sa prière. Plus tard dans le film, un autre plan d'une puissance impressionnante montre le portrait de son père de nouveau accroché au mur, puis il déplace son cadre pour le faire sortir de l'image, ce qui dans un même mouvement fait entrer le sien dans le champ, car une photo de lui-même trône désormais sur ce mur également à peut-être un mètre de celui de son père. Un lien dans le plan qui manifeste aussi une rupture, car les deux portraits ne sont pas dans le cadre en même temps, ce cadre est mouvant et évolue donc d'un portrait vers l'autre. Cohérence qui percute, récit qui touche, constat politique réaliste, histoire d'un rêve déchu et envie d'un autre destin. Un documentaire admirable qui nous rapproche de lui et de ses sentiments, nous rappelle à la préoccupation qui compte vraiment : comment vivre ensemble ? Peut-être avec la culture, mais certainement pas grâce aux politiciens, d'ici ou d'ailleurs. L'une de mes plus grandes baffes lors de cette projection.



 La fabrique du partage (23 min)
de Gwenael Ameline de Cadeville

[Pour l'instant pas de capture disponible]

Ce documentaire de Gwenael Ameline de Cadeville est une plongée dans l'univers d'un FabLab solidaire situé à Saint-Ouen. On y répare des vélos lors d'ateliers qui permettent à tous d'apprendre à le faire soi-même, on y fait la démonstration d'une imprimante 3D auprès d'enfants éblouis par cette technologie, puis surtout on y discute, on y créé de l'échange, on y partage par exemple une assiette de pâtes trop cuites en chantant gaiement, l'une des séquences du film de Gwenael.

Les FabLab sont de plus en plus nombreux en France et ils représentent un réseau de lieux de partage très utile où tout un chacun peut venir y acquérir des compétences manuelles autour du bricolage mais aussi parfois y trouver des outils très particuliers tels que ces imprimantes 3D. Il y en a notamment un à Amiens que des étudiants en arts fréquentent pour la réalisation de certains de leurs travaux. Elles sont des lieux d'accueil, d'entraide et je pense qu'on peut le dire ainsi, "d'éducation populaire participative". Malgré tout ces lieux restent méconnus pour le grand public habitué à la consommation frénétique et à jeter ce qui ne fonctionne plus au lieu de tenter la moindre réparation, car nous évoluons vers un abandon progressif des activités de bricolage et de travaux manuels (moi le premier). Le film est donc très utile à ce niveau car il met en avant la nature des activités proposées et regroupées sous forme d'ateliers que plusieurs intervenants organisent dans une démarche associative.

Il porte d'ailleurs à mon sens bien plus sur ceux qui organisent les lieux et leur motivation naturelle que sur les bénéficiaires de leur engagement et pour ma part je dois avouer avoir ressenti une légère frustration quant au fait qu'on sort très peu de l'atelier durant le film alors qu'un tour sur le site internet ou la page Facebook de celui-ci permet de comprendre que la réparation des vélos s'accompagne aussi de sorties en groupe et d'autres événements dans un cadre qui "respire" un peu plus à mon goût bien entendu, dans la ville elle-même. Il m'a semblé que l'impact positif lié à l'existence de ce lieu aurait été plus évident avec un terrain d'observation plus élargi et des séquences en ateliers accueillant plus de monde. Pour voir en quelque sorte le fruit du travail accompli dans ces murs. La séquence des enfants qui admirent l'imprimante 3D remplit tout de même ce rôle car leur plaisir est évident. Chose symbolique et sympa, c'est un petit vélo en plastique qui sort de la machine, rappelant que l'atelier solidaire se concentre beaucoup sur cet objet qui nécessite de l'entretien et un savoir-faire de bricoleurs. La ville est tout de même visible mais dans des plans très courts qui sont écrasés, à mon sens, par de longues séquences de dialogues en ateliers alors peu fréquentés qui peuvent être vécues comme pesantes car le spectateur n'est pas pleinement intégré au présent qui défile. Le fait pour l'auteure d'avoir choisi de ne pas être présente à l'image ou au son provoque peut-être un éloignement involontaire ou l'impression d'une intrusion du spectateur qui n'aurait pas prévenu de sa présence. D'un autre côté nous sommes témoins d'échanges entre ces activistes et quelques uns de leurs bénéficiaires ce qui permet d'éviter le passage par l'interview frontale entre la personne qui filme et ceux qui font vivre le sujet. C'est donc peut-être plus spontané. La balance entre la présence assumée de la caméra pour souligner celle d'une auteure et l'absence de celle-ci pour plus de naturel chez les témoins est peut-être perfectible et a pu dépendre également de possibilités de tournage limitées.

Petit point important : Les étudiants qui suivent le DU à Amiens ne sont pas forcément installés dans cette ville, et ils ne sont pas non plus forcément installés dans les villes où ils doivent se rendre pour faire leurs images. En tant qu'étudiants ils n'ont pas non plus nécessairement les moyens de multiplier des allers-retours et des déplacements. Ainsi, ils ne peuvent pas toujours accumuler des dizaines d'heures de rushes pour avoir un large éventail de situations et doivent construire avec une quantité de matière limitée. Il arrive également qu'ils soient confrontés à des personnes qui ne souhaitent pas participer à un film dans un lieu qui les accueille pourtant sur la volonté d'autres intervenants. En bref, une foule de raisons logiques que les spectateurs ne peuvent pas nécessairement deviner ou percevoir expliquent parfois les sentiments contrastés qui peuvent les traverser face à des documentaires de format court tournés dans un temps parfois court. 

Le temps alloué à la formation du DU est par ailleurs lui aussi limité à une seule année de cours qui ne sont pas quotidiens et permanents. Et si je mentionne tout cela, c'est pour revenir sur la question du respect des démarches présentées à l'écran et le redire, on peut tout à fait identifier et exprimer des sentiments contrastés quant à un film qu'on nous présente et les argumenter, mais il ne faut jamais oublier que le film en dépit de sa forme et de son fond est toujours la preuve d'un effort personnel. Il convient alors de le respecter. Le parti-pris semble donc ici être comme dans le film d'Antoine Leleux la volonté d'immersion mais du côté de ces associatifs qui militent pour que nous reprenions le contact avec les activités manuelles, un véritable vecteur de lien social. Une séquence qui me semble plus vivante que les autres et plus en lien avec un moment d'action permet d'assister à une réunion d'organisation et de proposition entre tous ces gens qui cherchent les meilleures solutions pour proposer des ateliers. Ils espèrent former leurs bénéficiaires à l'envie de transmettre également, pas uniquement leur apprendre à réparer un vélo pour qu'ensuite ils retournent chez eux. Ils souhaitent créer une sorte d'émulsion humaine plutôt que simplement jouer le rôle de professeurs. Cet aspect souligné dans le film est particulièrement intéressant. 

En conclusion je dirais que ce film est un très bon film car il permet de découvrir un lieu que des habitants de la ville où il se situe ne connaissent peut-être pas eux-mêmes et faire découvrir à tous les autres qui ne connaitraient pas le principe des FabLab ce qu'ils permettent de faire dans un esprit de partage. "La Fabrique du Partage", tout est d'ailleurs dans le titre ! Il fait partie de ces films très sympas et utiles qui n'assomment personne avec un surplus de réflexion mais il permet de nous faire sourire face au bonheur communicatif de ces citoyens engagés et solidaires en faveur d'un rapprochement par le bricolage ! 


L'heure des bêtes (15 min)
de Léo Siad

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Léo Siad souhaitait aborder la question de la maltraitance animale et du manque cruel de respect dont les humains font preuve à leur égard. Bien entendu nous avons désormais l'habitude d'entendre cette question ressurgir dans de nombreux débats, notamment depuis que la culture Vegan est en plein essor, mais le militantisme en faveur d'une reconnaissance d'un véritable droit des animaux passe habituellement par la diffusion d'images de l'exploitation industrielle dont ils sont victimes. De nombreuses associations telles que l'ALF (Animal Liberation Front) ou L214 (du nom d'une loi française qui reconnait aux animaux le statut d'êtres sensibles) filment et diffusent les images de pratiques hideuses liées à l'industrie agro-alimentaire et nous y sommes régulièrement confrontés. 

Alors pour une originalité certaine et incroyablement efficace, Léo Siad a voulu prendre le contrepied de cette culture du dégoût, car selon lui, ce flux d'images de violence ne participe pas tellement à une prise de conscience et une envie d'agir pour changer la situation mais au contraire nous habituent insidieusement à cet état de faits. A force de voir les images d'animaux maltraités, on en viendrait presque à considérer qu'ils sont faits pour ça, en tous cas qu'on n'y peut rien car même si nous sauvions une dizaine de vaches aujourd'hui, nous serions confrontés demain aux images d'un millier d'entre elles qui subissent de mauvais traitements. Quelque chose cloche dans l'activisme pro-animal, en tous cas il est légitime de questionner l'efficience de ces méthodes et de ce choix des images "choc". Elles entendent dévoiler les coulisses d'une industrie qui manque de savoir-vivre et fait de la productivité la première des normes, bien après le respect des bêtes. 

Le film est donc introduit par une citation de Plutarque, philosophe antique qui a écrit sur cette même question il y a deux mille ans, mais ne laisse aucune place aux images de brutalité. Bien au contraire, Léo choisit de raconter son histoire et celle de sa famille qui en Kabylie vit au plus près des animaux. Partout autour d'eux les bêtes sont présentes. Les oiseaux, les chats, les chiens, les bovins, les loups, tous évoluent librement à proximité des humains qui vivent là. Peut-être mangent-ils quand même de leur viande, mais la question concerne les dérives d'une industrie et vous verrez que Plutarque fait parler les animaux pour traiter de cette question de l'excès que dénonce également Léo.

 Pour mettre son récit en images, Léo utilise des photographies de ce paysage qui défilent à l'écran tandis qu'il raconte ces conditions de vie particulières et ces moments d'inter-dépendance entre l'Homme et l'Animal. Durant quinze minutes c'est la verdure qui s'impose. Et dans les clichés qui nous montrent des membres de sa famille Kabyle, il y a quasiment toujours un ou plusieurs animaux qui se trouvent là, librement, comme ces trois ou quatre chats qui semblent poser entre potes pour devenir le sujet principal de la photo.A l'issue de sa présentation, une voix féminine très agréable elle aussi vient compléter la première citation de Plutarque en lisant une partie de ses textes qui portent sur le sujet du mépris humain à l'égard des bêtes. De mémoire je crois qu'il s'agit du traité "Que les animaux ont l'usage de la raison" dans le Tome IV (merci google pour m'en avoir assuré) : "Sur l'usage des viandes".

Extrait : "Croyons-nous d'ailleurs que les cris qu'ils font entendre ne soient que des sons inarticulés, et non pas des prières et de justes réclamations de leur part ? Ne semblent-ils pas nous dire : Si c'est la nécessité qui vous force à nous traiter ainsi, nous ne nous plaindrons pas, nous ne réclamons que contre une violence injuste. Avez-vous besoin de nourriture ? égorgez-nous. Ne cherchez-vous que des mets plus délicats ? Laissez-nous vivre, et ne nous traitez pas avec tant de cruauté. C'est un spectacle dégoûtant que de voir servir sur les tables des riches ces corps morts que l'art des cuisiniers déguise sous tant de formes différentes ; mais c'en est un plus horrible encore que de les voir desservir. Les restes sont toujours plus considérables que ce qu'on a mangé."

Ce film est également de ceux qui m'ont le plus marqué et plu, du fait d'abord de cette grande originalité qui correspond parfaitement à mon propre avis sur la culture des vidéos violentes incapables à mon sens de produire le moindre éveil véritable mais plutôt de la résignation. Séduit du coup, forcément. Mais c'est aussi la forme pure et simple du film qui m'a transporté. La voix de Léo est très douce et lente ce qui renforce le caractère contemplatif de son film. D'une autre part, le texte qu'il a écrit permet de comprendre son attachement aux bêtes tout en expliquant ses origines et le rapport que sa famille à l'étranger entretient avec les animaux. Nous avons donc dans le film le message militant mais aussi ce qui explique son origine, le "pourquoi" de ce film qui est avant tout Léo Siad lui-même. Il était présent lors de la projection et j'ai pu le lui dire : "Pendant quinze minutes j'étais posé dans l'herbe." et ça fait un bien fou. On ressent bel et bien cet amour des animaux qui nous manque parfois à nous les êtres dits "supérieurs" et "conscients". On se laisse vraiment transporter dans cet ailleurs qu'on aimerait pouvoir vivre ici. Ce n'est pas le sujet du film, mais il permet aussi de voir un petit bout de Maghreb sans qu'il ne soit question du Maghreb lui-même, et c'est rare de pouvoir regarder un film sur une question humaine qui ne soit pas liée à un contexte politique ou social particulier mais plus à la condition et aux prétentions humaines dans leur ensemble. 

En clair, je suis content que l'identité du réalisateur soit vraiment digne d'intérêt, mais son identité n'est pas Kabyle, l'identité questionnée, encore une fois, c'est sa part d'humanité et ce qu'il l'estime devoir être. Celle "du Léo Kabyle" fait en réalité office de "background" à sa propre réflexion et sensibilité, elle n'est pas le sujet premier du moins à mon sens. Quelqu'un d'autre ailleurs en Finlande, en Espagne, au Mexique ou même dans une campagne française aurait tout à fait pu réaliser le même film. Encore aurait-il fallu en avoir l'idée, et c'est Léo qui l'a eue en premier, celle de ne pas montrer des images qui suscitent le dégoût mais d'articuler un récit qui insiste surtout sur l'amour et l'inter-dépendance entre nos genres (humain et animal). "L'heure des bêtes" est donc lui aussi l'un des films m'ayant le plus marqué et il mérite vraiment d'être vu par du monde car il pousse vers la réflexion sans lourdeur puisqu'on nous récompense avec un moment de détente et de respiration qui était bienvenu dans le contexte de cette projection, qui l'est encore plus dans le vaste monde qui est le nôtre. Chapeau !

SUITE DE CE RETOUR SUR LES FILMS DU D.U EN SUIVANT CE LIEN !

[Courts-métrages] WYBMF/Coffee Girl de Pradana Bintang Adi (2014)


Alors que je fouine pour la centième fois dans mes souvenirs de mon temps à l'université des arts je retrouve un bon paquet de films à l'époque sélectionnés par notre association Kino Paint Art en vue du festival que nous avons créé (et qui perdure à Amiens) parmi lesquels : WYBMF de Pradana Bintang Adi. Cet ancien camarade faisait partie des quelques étudiants étrangers de notre promotion et était originaire d'Indonésie. J'aurai l'occasion de présenter le travail d'autre anciens camarades hyper talentueux venus d'Indonésie. De manière générale, les étudiants indonésiens m'impressionnaient par une efficacité et un professionnalisme hallucinants. Certains d'entre eux se sont même payé le luxe de rafler les prix (public ou jury) de notre festival "Gobe Ta Péloche" deux années de suite, car face à certaines de leurs créations techniquement classiques mais "stylistiquement" surpuissantes, ben à part rester bouche bée il n'y avait pas grand chose à faire. J'en partagerai d'autres s'ils sont disponibles sur internet.

On peut sans doute l'expliquer par leur expérience du cinéma acquise en Indonésie ou dans d'autres pays durant leur cursus international, certain(e)s ont déjà tourné des dizaines de choses. Ils n'ont pas choisi ces études et ne sont pas venus jusqu'en France par hasard. C'est aussi pour cette raison que les chaînes YouTube ou Viméo de ces jeunes artistes sont blindées de dizaines de vidéos, clips, films, réalisés durant ces dernières années. La chaîne de Bintang est d'ailleurs ICI. Forcément, il sera un peu compliqué d'explorer son cinéma hors des films qui ont été réalisés en France et qui bénéficient donc de sous-titrage. WYBMF pour sa part tourné à Amiens a le grand avantage de ne comprendre aucun dialogue, il a donc pu être vu par ses amis Indonésiens en capacité de se l'approprier aussi bien que nous.

Vous comprendrez sans doute le titre une fois que vous l'aurez vu (héhé). Difficile de vous présenter l'histoire de ce petit film sans trahir son climax hyper réjouissant. Tout ce que je peux dire c'est que si vous appréciez l'image et l'audace du cinéma asiatique ainsi que l'univers manga, vous serez sans nul doute conquis par ce p'tit bijou indé au doux parfum de réussite. Je ne sais pas grand chose de ce que fait Bintang depuis, mais en tous cas il explique dans la description de la vidéo YouTube qu'au moment de sa concrétisation, ce film fut sa plus grande fierté, et personnellement je comprends pourquoi. Un joli coup de poker, vous verrez. 




Et en prime son petit film d'animation
 "Coffee Girl" qui avait beaucoup plu au Gobe Ta Péloche #2. 



Je lui ai déjà dit mille fois à l'époque et dans d'autres publications web mais, bravo !
Ces petites tartes là je m'en souviens et je pense m'en souvenir un bon bout de temps. 







[Triste anniversaire] Le 13 Novembre et les jours qui ont suivi par la journaliste Dina Amer (Vice)


Dina Amer est une journaliste de nationalité américaine et d'origine égyptienne qui en 2011 a pris part à la révolution de la Place Tahrir au Caire ainsi qu'à la réalisation du film documentaire en immersion qui lui est associé, The Square de Jehane Noujaim. J'avais pondu un article de milliers de signes afin de raconter ma rencontre avec elle en 2014, liée à mes études en cinéma documentaire, afin d'expliquer son travail mais surtout son tempérament impressionnant, sa grande sensibilité, sa persévérance et son audace, mais je l'ai finalement retiré car il était bien trop long pour vous y intéresser pleinement. C'était un récit trop personnel de mon unique expérience à ses côtés et de ce que j'en ai perçu. Je dois dire que c'est l'une des rencontres les plus marquantes de ma vie en même temps...  Au moment de cette rencontre, elle enquêtait sur l'attaque meurtrière dans les bureaux de Charlie Hebdo et sur les parcours de leurs différents protagonistes, bourreaux ou victimes.

Elle devrait bientôt signer un film sur lequel elle travaille depuis des mois et qui sera l'aboutissement très complexe et humain de ces recherches. Mais pour le moment silence, la nature profonde de ce projet sensible reste encore secrète.  




Toujours est-il que nous sommes le 13 Novembre et que Dina était à Paris lors des attaques qui ont frappé la capitale notamment au Bataclan. Alors qu'elle était là pour en savoir plus sur Charlie Hebdo et son événement propre qu'on croyait singulier et qu'on espérait ne pas voir se reproduire, elle officia comme correspondante/reporter pour Vice afin de couvrir l'après-coup de ce 13 Novembre 2015 dans quatre reportages hyper intéressants que je vous recommande et vous partage ici. Même si se replonger dans cette atmosphère est une chose peu réjouissante, jetez-y un oeil curieux car ce n'est pas un style de journalisme auquel nous sommes habitués et c'est intéressant de pouvoir regarder des travaux étrangers sur ces événements. Un peu comme dans The Square, des passants aux idées parfois divergentes se réunissent et dialoguent, ou répondent aux questions de Dina sur le vif, avec beaucoup de naturel. Je pense que ces images sont importantes car elles interrogent bien mieux l'humain et ses contradictions ou complexités que celles d'une scène de crime...


(Ces reportages sont majoritairement en anglais 
mais ne devraient pas poser de souci de compréhension en particulier)


1. "Peur et Tolérance"


2. "Affronter l'après-coup"


3. "Raid à Saint-Denis"


 4. "Quel avenir pour Paris ?"




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